samedi 18 janvier 2014

Monsieur le Président, à quand une politique économique de justice sociale?


Lettre ouverte à Monsieur le Président de la République

Monsieur le Président, à quand une politique économique de justice sociale?

En France, plusieurs courbes permettent d'ausculter et de juger de la santé économique du pays. La courbe de fréquentation des restaurants du cœur et celle de la richesse des foyers les plus riches et des entreprises du CAC 40 ou celle du nombre des millionnaires ne cessent de croître. Parallèlement, la courbe du chômage croît légèrement ou se maintient sur un palier qui atteste du nombre élevé de chômeurs dans notre pays.

Vous et vos ministres de l'économie et du travail nous répétez à longueur de journée que la courbe du chômage s'inverserait avant 2014. Mais, malgré des contrats aidés - si louables soient-ils -, la courbe reste coincée autour de 11% de chômeurs, alors que nous venons d'enterrer l'année 2013.

Le chômage des seniors de plus de 50 ans poursuit sa hausse (+ 11,7% en un an). Le nombre de chômeurs de longue durée continue d'exploser: 2 035 300 sont inscrits à Pôle emploi depuis plus d'un an (+ 13,4% sur un an) et 582 000 depuis trois ans ou plus (+17,4%) (Editorial du quotidien Le Monde du 28 novembre 2013).

Tout porte à croire que le chômage devrait même repartir à la hausse à la mi 2014 après quelques mois de stabilisation.(1)

Logique. La Bourse de Paris bat des records, les actionnaires et les institutions financières s'en mettent plein les poches et la politique économique capitaliste ultra libérale, conduite depuis 2012 - la même que celle conduite par Balladur et Chirac - ne permet pas d'injecter un peu de justice sociale dans l'économie du pays qui en a tant besoin.

Incapable de résoudre le chômage, le gouvernement s'adonne à la méthode Coué: elle s'inverse, elle s'inverse! Il y a certes un ralentissement de la hausse du chômage, mais c'est toujours une hausse. Et la précarité augmente.

En 2012, vous avez été élu sur la base d'une politique économique fondée sur la croissance et la justice sociale. Mais vous poursuivez en fait la même politique économique que votre prédécesseur Nicols Sarkozy. En effet, le pouvoir donne l'impression d'obéir aveuglement à la politique des instances européennes, au service des marchés financiers, des banques centrales européennes et outre atlantique, qui imposent leur loi.

Des milliards d'euros ont conflué vers les banques en faillite. C'est la plus grande opération d'"assistanat" depuis la seconde guerre mondiale. Actuellement une deuxième vague d'"assistanat" fait confluer un flux ininterrompu de richesses du pays vers des entreprises qui continuent à délocaliser, à licencier ou à boursicoter sur les places boursières mondiales.

Sous une appellation fallacieuse, telle que "Crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi" (CICE), les entreprises sont financées par des ménages déjà en grande difficulté. C'est la "TVA sociale" de Nicolas Sarkozy qui revient. C'est du pillage programmé et constitutionnel!

Conséquences: afin d'offrir 10 milliards d'euros aux entreprises en 2014 (20 milliards d'euros en 2015), le taux de TVA - qui concerne la majorité des biens et des services, puisqu'il couvre 55% des produits de l'indice des prix de l'Insee et un quart des service - va augmenter de 19,6% à 20%.(2)

Va-t-on sortir de cette croissance atone et du chômage de masse qui empoisonnent la vie de nos concitoyens? Rien n'est moins sûr. La zone euro n'est pas à l'abri d'une nouvelle crise financière. "Il y a une sorte de course entre l'amélioration de l'économie et l'augmentation des taux d'endettements publics qui atteignent par exemple 134% du PIB en Italie." Et 95% du PIB en France. Pour l'heure, les marchés financiers ne s'en soucient guère. Jusqu'à quand?(3)

Les même causes produisent les même effets. Le capitalisme financier ultra libéral a déjà causé des dégâts innombrables. Le salut du pays serait de prendre le virage vers une économie de soutien à la consommation et à la justice sociale. C'est aussi l'intérêt des entreprises qui profitent bien de vos largesses.

(1) David Revault d'Alonnes- Le Monde du 28 novembre 2013.
(2) Anne Eveno - Le Monde du 31 décembre 2013.
(3) Claire Guélaud- Le Monde du 1er-2 janvier 2014.

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